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PHI Artistes Collectionpermanente Vivien Gaumand 1 Marcel Dzama Prom Night

Marcel Dzama

Prom Night - 1997

Gouache et encre sur papier
33 × 25.5 cm (approx.)
Collection de Phoebe Greenberg

Unknown (Lady with Owl) - 1997

Gouache sur coupures de papier
et crayon couleur sur papier
30 × 23 cm (approx.)
Collection de Phoebe Greenberg

Photo: Vivien Gaumand

Edwin Janzen sur Marcel Dzama

Prom Night

Le dessin Prom Night de Marcel Dzama se compose de sept marionnettes sur pied vêtues de blouses rouges sur un fond blanc. Trois d’entre elles sont des Pinocchio au nez allongé, une autre porte un masque de lutteur, et les trois autres ont des têtes d’animaux : un chien et deux chauves-souris.

Les Pinocchios situent le dessin à l’époque de George W. Bush, au cours de laquelle une grande partie des œuvres de l’artiste pointaient du doigt l’hypocrisie officielle de l’administration, époque où les mensonges perpétrés donneront lieu à un échafaudage de prétextes pour des guerres inutiles au Moyen-Orient. Des thèmes et des motifs similaires apparaissent dans d’autres œuvres de l’artiste, comme La verdad está muerta/Room full of liars (2007), constituée elle aussi d’une galerie de marionnettes.

Prom Night ne nous donne aucune indication supplémentaire sur les tenants et aboutissants de cette petite ménagerie, mais ces personnages semblent évoquer des politicien·ne·s vendu·e·s et des néoconservateur·trice·s belliqueux·ses – tels que les Cheney, Bolton et Wolfowitz –, le genre d’individus que les communistes chinois appelaient autrefois les « chiens de garde du capitalisme ». Élus ou nommés à de hautes fonctions, ces individus sont des marionnettes de profession, toujours prêts à contribuer à tout effort qui profite à la machine de guerre et aux industriels qui la soutiennent.

Le titre Prom Night évoque une remise de diplôme – une célébration jubilatoire pour les candidat·e·s, qui sont appelé·e·s à prendre leur place dans le monde. Pour ces marionnettes, bêtes et menteurs, c’est le moment de vérité.


Unknown (Lady With Owl)

Une femme souriante portant une robe, des bas collants et un masque de cambrioleur se trouve dans une galerie d’art, les mains sur les hanches, une chouette perchée sur son épaule. Sur les murs noirs derrière elle sont accrochés sept tableaux indistincts ; au sol, trois autres sont empilés de façon désordonnée. Cette femme masquée, élément central de cette œuvre de jeunesse de Dzama, serait-elle une voleuse d’œuvres d’art ? Sa pose semble trop décontractée pour cela. Cependant, la couleur assortie des tableaux et de sa volumineuse étole – terre de Sienne brûlée et délavée – suggère qu’elle pourrait être l’artiste.

Dzama utilise souvent des masques pour dissimuler ses personnages, pour les contraindre à ne pas trop se dévoiler. Dans l’œuvre plus tardive Adoration for thieves (2007), l’artiste représente également une femme masquée dans un cadre artistique, mais dans ce cas, on ne sait pas vraiment si l’appellation de thieves, qui signifie « voleur·se » en français, fait référence à la femme.

Si la représentation d’œuvres d’art n’a jamais été centrale dans le travail de Dzama – à la différence de motifs comme les ours, les tireurs et les têtes coupées – certaines de ses pièces comportent des œuvres, généralement encadrées. Plus rare encore est la représentation de lieux artistiques, comme l’intérieur de galeries. Un de ces exemples, toutefois, est The After Party (2012), qui met en scène des femmes et des hommes plus ou moins vêtus s’ébattant dans une galerie – les femmes, pour la plupart, ne portant plus que leur masque.

Dans The After Party, les lignes de perspective sont manifestement architecturales, presque austères, alors qu’ici elles sont plus libres, simplement esquissées, presque multidimensionnelles. Il ne s’agit pas d’un « cube blanc », mais d’un cube noir. Mais bien que la géométrie de la petite galerie semble incertaine, la femme masquée assistée de son hibou se tient les orteils bien campés sur une ligne architecturale blanche, maintenant la pièce avec assurance.

À propos de l'artiste

Depuis qu’il s’est fait connaître à la fin des années 1990, Marcel Dzama a développé un langage visuel immédiatement reconnaissable qui explore l’action et la motivation humaines, ainsi que la relation floue entre le réel et le subconscient. Puisant aussi bien dans le langage populaire que dans l’histoire de l’art et les influences contemporaines, l’œuvre de Dzama représente un univers de fantaisies enfantines et de contes de fées d’un autre monde. Dzama est né en 1974 à Winnipeg. Il détient un baccalauréat en arts visuels de l’Université du Manitoba (1997).

Figure-Fond

Prom Night et Unknown (Lady with Owl) de Marcel Dzama sont présentées dans le cadre de Figure-Fond, une sélection d'œuvres de la collection de PHI qui explorent la figure et la corrélation complexe et intime qu'elle établit avec son fond.