Gratuit
Centre
Myriade chromatique
15 août → 31 juillet
Le Centre PHI abrite une installation lumineuse à contenu évolutif, s'adaptant au fil des saisons et des expositions
Fondation PHI
451 et 465 rue Saint-Jean
Montréal, Québec H2Y 2R5
Mercredi au dimanche:
de 11h à 18h
Entrée libre
Nancy Davenport, Stan Douglas, Harun Farocki, Ann Lislegaard, Paul Pfeiffer, Kerry Tribe
Les artistes ont la liberté de piller, de contester, d’évoquer ou de réorganiser la culture dans ses innombrables formes, comme s’il s’agissait d’autant de sources et d’archives. Une bonne part de l’art contemporain cite des textes culturels établis – provenant, entre autres, de la culture populaire et de l’histoire de l’art, du cinéma et de la performance –, se les approprie, les réinvente ou les revisite. L’objectif est de générer, à partir de ces sources, de nouvelles significations et une pertinence actualisée, souvent en réitérant leur valeur sous forme d’hommage ou en démontant leurs prétentions sous forme de critique, mais toujours en les détournant vers des horizons nouveaux et mystérieux.
Dans sa manifestation populaire, la reconstitution prend habituellement la forme de reconstructions en direct d’événements militaires exécutées par des fervents. Dans le milieu de l’art, nous avons été témoins de plusieurs reconstructions, basées sur la performance, d’importants événements artistiques des années 1960 et 1970, dont la mise en scène la plus fascinante a peut-être été celle signée par Marina Abramovic avec Seven Easy Pieces (2005), dans la rotonde du Guggenheim. Sur un front plus politique, The Battle of Orgreave (2001) de Jeremy Deller remettait en scène un épisode notoire de l’histoire du travail au Royaume-Uni, opposant des mineurs sur une ligne de piquetage et des policiers thatchéristes, dans une reconstitution historique complexe, filmée par le réalisateur Mike Figgis.
Reconstituer c’est répéter, signer à nouveau et recycler tout à la fois. C’est faire acte de foi envers l’illusion de l’originalité absolue, avec les complications liées à la paternité et à la propriété intellectuelle qui l’accompagnent, et c’est céder à «l’angoisse de l’influence». Reconstituer sur le mode critique, comme le font tous les artistes dans la présente exposition, c’est insuffler à un texte culturel une vie nouvelle, dans une tentative d’offrir une expérience esthétique et politique renouvelée. Ces gestes sont reliés et remontent aux traditions du collage, du photomontage, de l’objet trouvé et du ready-made, incluant des séquences trouvées et des prélèvements de récits visuels ou «time ready made».
Re-constitutions se compose d’une série de «ré-animations»inspirées de différents films et spectacles télévisuels. Ces manifestations résultent d’une étude et d’un travail sur les artefacts culturels qui les ont nourries. Elles reconnaissent leur héritage et leur dette, tout en pointant en direction des médias comme source de mémoire collective. La présente exposition met également en évidence la difficulté de départager nos propres pensées du tissu vaste et complexe constitué par des textes, des discours et des souvenirs culturels étroitement liés.
Six artistes présentent ici des œuvres qui, chacune à leur manière, remettent en scène des films, des spectacles médiatiques, des éléments puisés dans la culture populaire et, dans un cas particulier, des moments privés tirés du quotidien. Certains travaux proposent des objectivations audacieuses de notre monde saturé d’images, alors que d’autres déclenchent une confusion poétique entre mémoire, faits et fiction. En abordant de manière frappante et inventive des enjeux liés à la politique, au spectacle et à la subjectivité, ces relectures de produits ou d’événements culturels passés posent des questions impérieuses sur le présent.
Deux œuvres présentées dans l’exposition ont comme source d’inspiration Jean-Luc Godard: Kerry Tribe utilise son chef-d’oeuvre télévisuel France/Tour/Détour/Deux/Enfants, co-réalisé avec Anne-Marie Miéville, comme point de départ pour son installation à double écran Here and Elsewhere, alors que la célèbre séquence de travelling dans le film du cinéaste intitulé Week-End sert de base au Weekend Campus de Nancy Davenport.
Davenport renvoie également à des figures importantes du début de l’histoire du cinéma, soit les frères Lumière et Georges Méliès, dans Workers (Leaving the Factory) (Travailleurs [Au sortir de l’usine]), un regard spéculatif à écrans multiples sur le travail et la mondialisation. Inconsolable Memories, l’installation filmique de Stan Douglas qui fait appel à deux projecteurs et à un seul écran, a recours au classique du cinéma cubain Memorias del subdesarrollo comme fondement. De toute évidence, ces œuvres ne sont pas des remakes dans le sens hollywoodien, mais des études critiques qui déploient judicieusement certains des attributs ou caractéristiques structurels des originaux qui les ont inspirées, mais à des fins férocement différentes.
Un événement sportif connu, diffusé à la télévision, et le monde du divertissement nourrissent les trois projets présentés respectivement par Harun Farocki et Paul Pfeiffer. Deep Play de Farocki soumet la finale de la Coupe du monde de 2006 à une étonnante vivisection formelle, scientifique et statistique dans douze projections vidéo synchronisées en temps réel. Michael Jackson constitue le sujet de deux œuvres de Paul Pfeiffer: Live Evil (Bucharest) (Mal en direct [Bucarest]), une image presque inversée de Michael Jackson en spectacle, et Live From Neverland (En direct de Neverland), une installation portant sur le procès de maltraitance à enfant intenté contre la star du pop.
Bien qu’elle ne s’inspire pas directement d’un texte provenant du cinéma ou de la télévision, l’oeuvre I-You-Later-There d’Ann Lislegaard évoque néanmoins avec force l’expérience filmique. La reconstitution dont il est ici question est celle d’une vie projetée de manière abstraite sur une surface rectangulaire faite de lattes de bois, qui devient une scène ou un écran.
Comme c’est le cas pour une bonne part des arts médiatiques, les œuvres présentées sont emprisonnées dans des boucles qui se rejouent sans cesse. Cet aspect répétitif, qui permet d’entrer dans l’oeuvre à tout moment, ne privilégie pas un récit cathartique linéaire. Nous sommes plutôt confrontés à des œuvres fragiles, ouvertes, qui posent structurellement comme postulat le cycle inévitable du report et de l’indécidabilité en tant que modèle théorique par lequel nous pouvons observer les nombreux enjeux abordés par ces œuvres aussi bien que les expériences plurielles du monde.
Nancy Davenport est représentée par la galerie Nicole Klagsbrun à New York et son travail a fait l’objet d’expositions sur la scène internationale, entre autres à la 10e Biennale d’Istanbul, au Gardener Art Centre (Royaume-Uni), à la 25e Biennale de São Paulo, au List Visual Arts Center du MIT (Mass.), à la 1re Triennale de photographie et de vidéo de l’International Center of Photography (New York) et au Centre d’art international deSingel (Anvers). Ses œuvres ont été reproduites dans de nombreuses publications comme Artforum, Art in America, October et Frieze, ainsi que dans des ouvrages comme Vitamin Ph: New Perspectives in Photography (Phaidon Press) et Photography Reborn: Image Making in the Digital Era (Abrams Inc.). Née à Vancouver et vivant à New York, Nancy Davenport est lauréate (avec Tom McDonough) d’une bourse d’écriture de la Andy Warhol Foundation et de la première bourse de production de DHC/ART pour Workers (Leaving the Factory) (2007).
Stan Douglas est né en 1960 à Vancouver où il vit et travaille présentement. Formé au Emily Carr Institute of Art and Design de Vancouver, Douglas a été très présent sur la scène de l’art depuis sa première exposition personnelle en 1981. Parmi les nombreuses expositions collectives auxquelles il a participé, mentionnons le Carnegie International en 1995, la Biennale du Whitney en 1995, le Skulptur Projekte de Münster en 1997 et la Documenta X à Kassel. Son travail a fait l’objet de plusieurs expositions personnelles, entre autres récemment, Past Imperfect: Works 1996-2007, Württembergischer Kunstverein et Staatsgalerie Stuttgart, en Allemagne; Suspiria, 100 Tonson Gallery, à Bangkok, en Thaïlande; et Stan Douglas, Wiener Secession, à Vienne, en Autriche. Il est représenté par David Zwirner, à New York.
L’œuvre du cinéaste allemand Harun Farocki comprend maintenant plus de cent longs-métrages, films-essais, documentaires et installations. Il est l’un des plus importants réalisateurs de films documentaires et de films-essais en Allemagne aujourd’hui. Depuis 1995, il a présenté de nombreuses expositions et installations dans des galeries et des musées. Ses films et ses installations sont en général de nature sociopolitique et manifestent un intérêt marqué pour le rôle de la technologie dans la société moderne. Le cinéaste a abordé des sujets comme le Vietnam, le capitalisme, les systèmes de travail, la technologie de surveillance et la reconnaissance militaire. Harun Farocki est présentement professeur invité à l’Akademie der Bildenden Künste à Vienne.
Ann Lislegaard travaille avec la vidéo, la photographie et l’installation sculpturale, pour faire en sorte que la réception de l’espace et du temps évoque nos modes d’orientation dans des environnements physiques aussi bien que psychologiques et notre perception de ces lieux. Diplomée de la Royal Academy of Fine Arts de Copenhague (1988-1993), Ann Lislegaard a participé à l’International Studio Program – IASPIS à Stockholm en 2003, et s’est méritée la bourse Rubin Artist-in-Residence au MIT en 2005-2006. Ses travaux ont été présentés à travers le monde, notamment à la 51e Biennale de Venise en 2005. Parmi ses expositions personnelles récentes figurent Art–Unlimited, à la galerie Paul Andriesse, à Basel, en Suisse; Science Fiction and Other Worlds, à l’Astrup Fearnley Museum, à Oslo, en Norvège, en 2007; et Ann Lislegaard, à NCA-Nichido Contemporary Art, à Tokyo, au Japon, en 2006. Représentée par la galerie Murray Guy, à New York, et la galerie Paul Andriesse, à Amsterdam, Ann Lislegaard vit et travaille à Copenhague et à New York.
Né à Honolulu, à Hawaii, et vivant à New York, Paul Pfeiffer a présenté son travail à travers le monde. Il a été le premier lauréat du prix Bucksbaum remis par le Whitney Museum en 2000, et ses œuvres ont fait l’objet d’expositions personnelles au Whitney à New York, au UCLA Hammer à Los Angeles, au Barbican Art Centre à Londres, à la Kunsthaus Glarus en Suisse, au List Visual Arts Center au MIT à Cambridge, au Contemporary Museum à Honolulu, au Melina Mercouri Centre à Athènes, en Grèce, à la K 21 Kunstsammlung à Düsseldorf, et au Museum of Art du Middlebury College, au Vermont. Son projet pour ArtAngel, The Saints, est présenté en ce moment à Londres. Sa participation est prévue à la prochaine Biennale de Sydney en Australie.
Kerry Tribe se partage entre Los Angeles et Berlin. Elle a présenté des expositions personnelles dans le cadre des Art 28 Statements à la Foire de Bâle; à Artspeak à Vancouver; à la Galerie Maisonneuve à Paris; et à Los Angeles Contemporary Exhibitions. Son travail a également été vu à Kunst-Werke à Berlin, à la Generali Foundation à Vienne, à ARTSPACE à Auckland, au 36e International Film Festival de Rotterdam, à la Kunsternes Hus à Oslo, au S.M.A.K. à Gand, au Whitney Museum of American Art et au New Museum of Contemporary Art à New York. En 2005-2006, Tribe était lauréate de la bourse Guna S. Mundheim à l’American Academy de Berlin et, en 2005, elle se méritait un prix de la Louis Comfort Tiffany Foundation. Elle a terminé une maîtrise en beaux-arts à la University of California at Los Angeles en 2002 et était boursière dans le cadre du Whitney Independent Study Program en 1997 et 1998.
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Un rendez-vous mensuel de la performance où l’art prend vie