Centre

Yayoi Kusama est une artiste prolifique depuis l’aube de ses vingt ans. Sa première exposition solo, composée de plus de 200 de ses œuvres, fut présentée au Japon il y a soixante-dix ans. Lorsqu’elle s’établit à New York à la fin des années 1950, Kusama devint rapidement une figure incontournable du milieu artistique contemporain et développa une pratique multidisciplinaire, consolidant progressivement sa place parmi les artistes les plus influent·e·s de notre ère.

Cette chronologie met de l’avant certaines des créations d’avant-garde les plus novatrices de l’artiste et les contextualise par rapport à des mouvements artistiques majeurs du moment. La première moitié se concentre sur sa période new-yorkaise (années 1950 à 1970), où elle crée plusieurs séries de peintures, de sculptures, d’installations et de performances. La seconde moitié représente ses œuvres les plus récentes et couvre différentes techniques, explorées par Kusama à son retour au Japon et lors de son établissement subséquent dans la ville de Tokyo (fin des années 1970 à aujourd’hui). Cette période se distingue par les ambitions littéraires de l’artiste, ses nouvelles séries de peintures ainsi que ses installations grandioses, sculpturales et immersives.

Années 1950
Pop art 

Le mouvement pop art émerge aux États-Unis et au Royaume-Uni dans les années 1950, atteignant son apogée sur la scène mondiale dans les années 1960 et 1970. Les artistes s’approprient des objets et des images de la culture populaire pour les intégrer dans leurs créations. Le pop art se caractérise par le recours à l’humour et à des couleurs primaires vibrantes, que l’on observe à travers l’œuvre de Kusama, notamment dans de nombreuses peintures, sculptures et motifs à pois. 

1957 et ++
Installations

Les installations, aussi appelées «environnements», font leur apparition à New York à la fin des années 1950. Cette technique permet aux artistes d’explorer et d’expérimenter la notion de sculpture traditionnelle. Souvent composées d’une multitude d’éléments interconnectés, les installations invitent le public à se mouvoir et à s’immerger dans l’œuvre d’art, corporellement comme sensoriellement. Kusama devient sculpteuse environnementale dès 1963 avec la création de l’œuvre Aggregation: One Thousand Boats Show. Depuis lors, elle continue de repousser les frontières de l’installation artistique.

Début des années 1960
Judson Dance Theater

Chorégraphes, artistes visuels, compositeur.rice.s et cinéastes expérimentent à l’église Judson Memorial du Greenwich Village de New York afin de créer des performances qui redéfinissent les mouvements pouvant être interprétés comme de la danse. S’éloignant de la technique et de la théâtralité, les artistes introduisent dans leurs danses des gestes de tous les jours et de l’improvisation. Les postures variées de Yayoi Kusama dans ses œuvres des années 1950 et 1960 présentent des affinités avec ce mouvement.

Années 1960
Art vidéo

On attribue souvent à l’artiste coréen-américain Nam June Paik la création du mouvement du vidéo-art des années 1960. Ce mouvement emploie la technologie vidéo ou les images animées pour créer des œuvres d’art qui prennent entre autres la forme d’émissions, de bandes vidéo et de projections. La technologie d’enregistrement vidéo se fait plus abordable pendant cette période, et donc plus accessible à une plus grande variété de consommateurs. Le film Kusama’s Self-Obliteration (1967) documente la performance de l’artiste avec cette nouvelle technique, assurant ainsi la poignante pérennité des performances Happening, qui continuent encore aujourd’hui d’émouvoir de nouveaux publics.

Années 1970
Art de la performance

Bien que les artistes pratiquent la performance depuis un bon moment déjà, ce mouvement artistique prend son essor dans les années 1970 avec l’ambition de cataloguer les diverses façons dont les artistes contemporains font usage du corps, des gestes et des mouvements pour créer des œuvres éphémères souvent destinées à explorer les conventions sociales, la politique et la culture. Au cours des années 1960, Kusama est reconnue pour ses performances, notamment une série de Happenings tenus à travers la ville de New York et aspirant à attirer l’attention sur certains enjeux politiques comme la guerre du Vietnam, à laquelle l’artiste oppose une vision pacifique.

Années 2010
Infinity Mirrored Rooms et les médias sociaux

De nos jours, certains artistes contemporains ont recours à diverses technologies modernes, comme l’Internet, la réalité virtuelle et les médias sociaux. Les Infinity Mirrored Rooms (1965—) de Kusama fascinent à un point tel qu’elles sont partagées en masse sur les plateformes de médias sociaux par le public. À travers ses installations, Kusama propose un univers d’éphémérité, de mouvement et d’impermanence qui envoûte tant dans le monde réel que dans le monde virtuel.

Années 2020
Écologie 

Certains mouvements écologiques, tels que l’écoféminisme et le mouvement pour les droits de la Nature, préconisent une relation alternative avec la nature en remplaçant la notion de suprématie du genre humain sur le monde non humain (plantes, animaux, minéraux, et ainsi de suite) par une relation égale, réciproque et spirituelle. En avance sur son temps, Kusama comprend depuis toujours le monde naturel de cette façon, compréhension qu’exprime l’ensemble de son œuvre artistique.

Cette chronologie se veut un positionnement de la pratique actuelle de Kusama et d’une carrière longue de plus de sept décennies à titre d’artiste professionnelle par rapport aux mouvements sociaux et artistiques ayant émergé au fil du temps. Toujours au premier plan de l’exploration et de l’adaptation de nouvelles questions, idées et techniques – et ne montrant aucun signe d’essoufflement – Kusama a su se tailler une place méritée au sein du panthéon des grands artistes d’avant-garde.

L’outil Mouvements: Yayoi Kusama est conçu par l’équipe de l’éducation à la Fondation PHI afin d’encourager les visiteurs à développer en profondeur certains concepts clés explorés par l’exposition Yayoi Kusama: DANCING LIGHTS THAT FLEW UP TO THE UNIVERSE.